16 octobre 2012

Le point sur la campagne américaine avant le deuxième débat.


La campagne américaine bat son plein. Le 6 novembre prochain, soit dans un peu moins de trois semaines, les Américains auront fait leur choix. Un choix difficile, semble-t-il, puisqu'aucun camp n'est certain de l'emporter à l'heure actuelle. Entre conforter leur 44e président dans ses choix en lui octroyant un second mandat et placer à la tête de leur pays un 45e président aux convictions bien distinctes, les citoyens des Etats-Unis hésitent.

Ils hésitent depuis que Barack Obama, président en exercice et candidat à sa réélection pour le parti démocrate, a montré des signes de faiblesses le 3 octobre dernier lors du premier débat. Face à Mitt Romney, candidat désigné par le parti républicain au terme de primaires sans suspense, le président est apparu diminué et indécis. Romney, au contraire, a été incisif et a attaqué le bilan de son adversaire sans être inquiété en retour.

Ce dernier avait, certes, fort à faire : mené dans les sondages, il devait également faire oublier une vidéo embarrassante rendue publique le 17 septembre. Au fil de cette vidéo, tournée à son insu quatre mois plus tôt à l'occasion d'un dîner de donateurs en Floride, il laisse entendre que près de la moitié de la population américaine est assistée. Pour lui, « 47% [des Américains] dépendent de l'aide de l'Etat fédéral, [...] pensent qu'ils sont des victimes, qu'il est du devoir du gouvernement de les assister ». Par là, il insinue en fait qu'une partie de la population, reconnaissante de l'aide apportée par le gouvernement fédéral, est susceptible d'être portée vers un vote démocrate. Mais le mal est fait.

A en croire les analystes, ce coup de tonnerre de la mi-septembre aurait dû reléguer définitivement Mitt Romney en deuxième et dernière position pour la course à la Maison Blanche. Mais voilà, au cours du débat du 3 octobre, Obama reste tant sur la défensive qu'il n'oblige pas Romney à s'expliquer sur cette vidéo. Le lendemain, outre la stupeur quant à la prestation générale du président, c'est l'omission de ce sujet lors du débat qui étonne. Les médias américains, dont le Huffington Post et le New York Magazine, s'interrogent sur la lucidité de Barack Obama.

Mitt Romney et Barack Obama, le 3 octobre 2012 lors du premier débat télévisé de la campagne américaine.

Ce débat, présenté par les mêmes analystes comme une formalité tant l'avance d'Obama semblait solide, a donc finalement infléchi la tendance. Les écarts d'intentions de vote se sont réduits dans l'ensemble des sondages et les deux candidats sont même à égalité selon certaines estimations. Obama reste malgré tout légèrement en tête dans la plupart des enquêtes d'opinion. Il est crédité d'une avance de deux points avant le second débat, qui aura lieu ce soir à 21 heures, heure de New York [à 3 heures du matin, heure de Paris, ndb]. Pour limiter les dégâts, il s'est en effet montré beaucoup plus offensif à l'encontre de son rival rival lors d'un meeting géant à Denver, organisé dès le 4 octobre, soit le lendemain du débat. La bonne performance de Joe Biden, son colistier et actuel vice-président, face au colistier de Romney, Paul Ryan, a également permis au camp démocrate de rebondir.

Par ailleurs, rappelons que le système électoral américain est très différent de celui que l'on connaît en France. Chacun des cinquante Etats américains vote séparément. Le candidat remportant le plus grand nombre de voix obtient l'ensemble des « grands électeurs » de cet Etat. Lorsque tous les Etats ont désigné leurs grands électeurs, ceux-ci se rassemblent et votent afin de choisir le président des Etats-Unis. Les sondages, qui portent souvent sur des échantillons à l'échelle fédérale, ne prennent donc pas en compte ce basculement de tous les grands électeurs d'un Etat lorsque l'un des candidats arrive devant, fut-ce de 0,01%. Les fameux swing states, ces Etats pivots dont le vote n'est pas acquis à l'un ou l'autre des candidats, ont donc toute leur importance. A chaque élection, le côté en faveur duquel ils basculent remporte donc la totalité de leurs grands électeurs. Or, ils semblent pour le moment plus susceptibles d'appuyer Barack Obama, notamment du fait du vote des latino-américains.

Enfin, les électeurs américains souhaitant voter avant le 6 novembre ont pu commencer à le faire dans 44 des cinquante Etats. Or, le vote anticipé favorise traditionnellement le candidat démocrate. Dès 2008, il avait placé Obama en tête face à John McCain. A un peu plus de trois semaines du terme de ces élections, Obama mènerait avec 59% des suffrages exprimés contre 31% pour Romney, selon des chiffres Reuters/Ipsos cités par leMonde.fr. Obama a d'ailleurs annoncé hier sur Twitter qu'il voterait lui aussi en avance, douze jours avant la date officielle de l'élection présidentielle :
« I'm following @MichelleObama's example and voting early, on October 25. If your state has early voting, join me - bo »
Il deviendra ainsi le premier président de l'histoire des Etats-Unis à ne pas voter le jour du scrutin. Une manœuvre destinée à prendre un maximum d'avance sur son adversaire avant le 6 novembre.

Mitt Romney et Barack Obama s'affronteront de nouveau dans quelques heures sur l'île de Long Island, à New York. Ce deuxième débat peut à nouveau rebattre les cartes. Le candidat républicain tentera de rééditer son exploit du 3 octobre. Obama, lui, promet qu'on ne l'y reprendra plus. Pour l'occasion, il s'est même prêté à une préparation intensive de trois jours en Virginie. On vous l'avait bien dit : la campagne américaine bat son plein.

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