3 novembre 2012

La victorieuse défaite de l'opposition vénézuélienne.



Dimanche 7 octobre 2012, les élections présidentielles au Venezuela ont été marquées par la réélection du président, Hugo Chavez, avec 54,6% des suffrages. Il s'agit du quatrième mandat du socialiste depuis 1999. Son opposant, Henrique Capriles Radonski, a mobilisé 44,7% des votants soit près de 6 millions de personnes. Il s'agit d'un score historique : le meilleur jamais enregistré par l'opposition depuis 1999.

Depuis son accession au pouvoir, en 1999, le président Chavez a mis en place de vastes programmes sociaux : les Misiones. Ils sont assurés par une politique de redistributions des richesses qui s'appuie sur les importantes réserves pétrolières du Venezuela. Très appréciés par les classes populaires - elles sont majoritaires au Venezuela - ces programmes sociaux ont permis de diminuer le taux de pauvreté, de chômage et d'analphabétisme (site internet de la Diplomatie Française). La côte de popularité d’Hugo Chavez est donc très élevée au sein des populations défavorisées. Elles lui assurent un soutien indéfectible qui justifie sa réélection aux présidentielles de 2012. Ces bons résultats dans le domaine social n'ont pourtant pas permis à Hugo Chavez de faire reculer certains problèmes comme le taux de criminalité ou l'insécurité au Venezuela.

Hugo Chavez, président du Vénézuela, réélu le 7 octobre 2012.

Lors de son mandat (2013-2019) le président devra faire face à des difficultés qui suscitent le mécontentement d'une partie de la population. Plusieurs problèmes liés à l'insécurité, la criminalité, la corruption et l'inflation persistent. « L'observatoire vénézuélien de la violence (OVV) dénombre 14 000 homicides en 2011, soit quatre fois plus qu'en 1998 » d'après France 24 (8/10/2012). Au Venezuela, la corruption est un souci majeur. Le pays occupe la 172ème place sur 182 des pays les plus corrompus au monde, selon une étude publiée le 1er décembre 2011 par Transparency International. Le taux d'inflation enregistré en 2011 s'élève à 27,6% (site internet de la Diplomatie Française). Ces problèmes ont été pointés du doigt, lors de la campagne présidentielle, par l'opposition. Le score historique enregistré par cette dernière peut donc être interprété comme les premiers signes de failles visibles dans la politique chaviste. 

Dimanche, 6 millions de déçus ou de mécontents ont exprimé leur désaccord à l'égard du régime chaviste en votant pour Henrique Capriles. Après l'annonce des résultats des élections, l'opposant a déclaré à ses partisans qu'il « [n'allait] pas laisser seule la moitié du pays ». Il a également annoncé qu'il « conduira la construction d'une opposition à Chavez » (L'express, 10/10/2012). Le président vénézuélien sera donc inévitablement contraint de composer avec les revendications de l'opposition qui représente une part importante de la population. Justement, il a promis « d'être un meilleur président en rectifiant ses erreurs » et a affirmé qu'il « [tendait] les deux mains à tous les vénézuéliens ». Cette déclaration peut être interprétée comme un pas en avant, une main tendue à l'opposition. Reste à savoir si un véritable dialogue avec l'opposition est possible. Un compromis avec l'opposition, plus libérale économiquement, irait à l'encontre des principes de la « révolution socialiste » que Chavez souhaite poursuivre.

Henrique Caprilez Radonski, candidat malheureux de l'opposition.

Le scrutin du 7 octobre marque un tournant dans le règne de l'indélogeable Chavez. Il bénéficie, certes, encore du soutien des classes populaires grâce à ses mesures en faveur des plus pauvres, mais la montée en puissance de l'opposition a révélé les failles et limites de sa politique socialiste. Renforcée à l'issue de ces élections, l'opposition constitue désormais un contre-pouvoir politique fort. L'émergence d'une opposition forte et unifiée réduit la marge de manœuvre du président sur la scène politique. Il sera effectivement difficile pour Chavez de poursuivre sa « révolution socialiste » tout en se préoccupant des revendications et du sort des 6 millions de mécontents réclamant plus de principes démocratiques. La défaite de Capriles peut donc être qualifiée de victorieuse. 

1 commentaire:

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